La Nouvelle République a publié le 27 mai 2021, deux articles sur la structure de répit, le Bon Endroit.
“Depuis juin 2020, l’association tourangelle Le Bon Endroit accueille des enfants avec des troubles du spectre de l’autisme pour leur accorder un moment de répit.
C’est rue Girard-de-Vasson dans le quartier de la Tranchée, à Tours, loin des structures traditionnelles pour l’accueil d’enfants autistes, qu’apparaît le bâtiment. Une pancarte indique : « Le Bon Endroit ». Une cuisine, un grand séjour avec une cheminée, trois autres pièces destinées aux activités et un grand jardin où trônent fièrement un trampoline, des bicyclettes, des trottinettes, des ballons et tout un tas d’autres jeux pour enfants. Le lieu ressemble à s’y méprendre à une maison familiale. « Le but était effectivement de reproduire cette ambiance et sortir d’un cadre de soin », explique Céline Gaud, responsable du dispositif répit.
« Il fallait lever la soupape de la cocotte-minute »Chaque jour de la semaine, sauf le dimanche, Le Bon Endroit accueille un ou deux enfants toujours accompagnés par deux éducateurs spécialisés pour un suivi individuel. Au programme, des activités ludiques, sensorielles et des balades dans la nature. Trois salles ont été transformées spécialement : une salle de jeux symboliques, une salle sensorielle et une salle pour les activités physiques. « Il fallait un dispositif pour ces enfants qui lève la soupape de la cocotte-minute », ajoute Jacques Biringer, président de l’Association pour adultes et jeunes handicapés (Apajh) d’Indre-et-Loire. Unique différence avec une maison classique, les murs sont vides et blancs, et les seules couleurs qui ressortent sont celles des jouets disposés dans chaque pièce. Une différence assumée : « L’aspect très épuré permet de ne pas perturber les enfants, qui peuvent être rapidement distraits », commente Céline Gaud.
Ainsi en moyenne, les enfants viennent deux fois par semaine se changer les idées et profiter des activités ludiques. « Le projet est né pendant le premier confinement au printemps dernier, mais il n’en est pas à l’origine », précise Guillaume Masset, directeur général de l’Apajh. « Le premier confinement a simplement révélé encore plus ce besoin de répit qu’avaient les enfants […]. Certains n’allaient plus à l’école et d’autres ont pu se mettre en danger. »
En lien constant avec le service de pédopsychiatrie de l’hôpital Bretonneau qui aide les enfants avec troubles du spectre de l’autisme, Le Bon Endroit propose un accompagnement unique : « La singularité est que le lieu est ouvert tout au long de l’année, il ne s’arrête pas après les vacances scolaires comme les autres institutions. De plus, le projet est souple et agile suivant les besoins des familles et des proches », fait remarquer Guillaume Masset.”
« Quand on a levé la soupape pour les enfants, il faut aussi penser aux parents. Ils ont eux aussi le droit de se reposer, de souffler, de sortir, d’aller se promener. D’où l’idée du deuxième volet pour les parents »,éclaircit Jacques Biringer, président de l’association Apajh de l’Indre-et-Loire. En effet, Le Bon Endroit se veut être un dispositif complet pour les enfants et pour les parents.
C’est à trois minutes à pied du lieu d’accueil pour les enfants, qu’une cinquantaine de familles en moyenne vienne chaque année se détendre. Deux salles sont jointes et forment un univers accueillant décoré par les peintures pleines de couleurs vives de Lison Baugé. On découvre également sur la droite une petite cuisine et de l’autre côté des canapés avec un piano. « Au sein de ce tiers lieu, les parents peuvent venir discuter, échanger, assister à des temps d’échange »,détaille Guillaume Masset, directeur général de l’Apajh. Un réel répit parental, où ils ont la possibilité de suivre un panel d’ateliers : sophrologie, atelier d’écriture, calligraphie, yoga, arts plastiques…
« Le plus dur pour les parents c’est de passer le cap de la porte d’entrée »,confie Céline Gaud, responsable du dispositif répit. Beaucoup de parents se retrouvent isolés et n’osent plus sortir en balade ou même faire les courses parce que les crises de leurs enfants sont trop fortes voire violentes. « C’est la première fois qu’une association répondait vraiment à ce dont on avait besoin »,se livre Fadila, mère d’Amin, un enfant atteint d’un trouble du spectre de l’autisme, venue de la Lorraine avec son mari et ses deux enfants. En effet, l’Indre-et-Loire dispose avec ce projet d’accueil global parents-enfants, d’un accompagnement unique : « On a un temps d’avance sur les autres structures. La Loire-Atlantique nous a demandé des conseils »,se flatte Céline Gaud, « le but est d’essaimer partout en France. »
Aujourd’hui, Fadila a l’ambition de créer une ludothèque au sein de la structure: « Je pense qu’en tant que parents d’enfants en situation de handicap ont à besoin de matériels de jeu adapté. Moi, j’ai du tout acheter donc je voulais aider les autres parents. »